Le dictionnaire de la
photographie
Sous la direction de Nathalie Herschdorfer
Editions de La Martinière
202 x 307 mm, 448 pages
Prix : 75,00 euros
L’indispensable viatique
des amateurs de l’instant donné
Un dictionnaire permet de chercher une
réponse à une question. Il demeure l’indispensable objet de référence, même à
l’heure des bases de données. Il en acquiert d’ailleurs un charme supplémentaire
et permet d’établir une relation souterraine entre l’argentique et le numérique.
Pour commencer notons les indispensables caractéristiques techniques :
1200 entrées, 300 illustrations et la présence de 150 experts. Réalisé sous la
direction de Nathalie Herschdorfer, spécialiste internationale de la photo et
actuelle conservatrice du musée des Beaux-arts du Locle en Suisse, ce
dictionnaire a paru cette année en langue anglaise chez Thames and Hudson, La
Martinière en assurant l’édition française.
Les entrées par ordre alphabétique couvrent
un large spectre allant d’Abbas (Abbas Attar dit), photoreporter iranien né en
1944 à Zwart Piet (1885-1977), designer, typographe et photographe néerlandais.
Il s’agit de ne pas oublier le cœur du dictionnaire ─ les photographes ─ mais
aussi le vaste environnement qui les entoure, que ce soit les Agences (Magnum, par
exemple), Artistes et sculpteurs (Nils Udo), Peintres (Georges Rousse) utilisant
le medium mais aussi les Collectionneurs, Critiques (Jean-François Chevrier), Conservateurs,
Historiens (André Rouillé), Sociologues sans oublier les Musées (MOMA à New
York), Ecoles (Bauhaus), Expositions et Publications (Camera Work) les plus
célèbres. Une partie technique se trouve consacrée aux Fabricants, Formats
d’images, Mesures, Procédés et Termes. Bien entendu cette nomenclature ne
saurait que tendre à l’exhaustivité ; l’objet dictionnaire se doit
d’établir des ponts entre des domaines à la fois proches et éloignés et donner
du sens à des activités existant les unes à côté des autres (le cinéma, la
photographie de presse, la science, le design pour ne citer qu’eux).
En prenant dans l’ouvrage une lettre
alphabétique, le B, on découvre l’imbrication générale des termes qui comprend
Roland Barthes en qualité d’auteur de La
Chambre claire et de ses concepts toujours utilisés, d’Yto Barrada (artiste
franco marocaine née en 1971) à la fois photographe et artiste contemporaine
(exposant à l’heure actuelle à Nîmes à Carré d’art-Musée d’art contemporain) et
la définition du papier Baryté ; les Becher (Bernd et Hilla) photographes
des légendaires châteaux d’eau dans le sillage de la Nouvelle Objectivité côtoient
Cecil Beaton, le grand photographe de mode alors qu’Edouard Boubat, représentant
du courant humaniste, jouxte Pierre
Bourdieu sous le regard intéressé de Brancusi.
Commencé en 1998, repris en 2010, Nathalie
Herschdorfer a voulu illustrer la fameuse citation d’Anatole France : « Un
dictionnaire c’est tout l’univers par ordre alphabétique. ». Il existe
bien sûr des manques (oserais-je citer le nom de Milota Havránková, une
photographe historique slovaque dont se tient une rétrospective à Prague en ce
moment) liés au temps qui passe et au foisonnement mondial de ce que représente
la photographie à l’heure actuelle. Si Google demeure le recours borgésien
ultime, le plaisir de feuilleter les pages de « l’univers »
photographique n’a pas de prix. Si ce n’est celui de l’offrir en cette fin d’année.
Christian
Skimao